Le sport automobile insulaire est en deuil, Pierre Orsini s’en est allé…

Rédigé le 20/05/2018
José Fanchi

Son état de santé s’était dégradé depuis quelques mois mais Pierrot tenait bon avec l’immense amour des siens, de son épouse, admirable, de sa fille, de son fils et de son petit fils, mais la maladie l’a épuisé jusque dans son lit, entouré de l’affection des siens. La corse mécanique le pleure alors même qu’elle s’apprête à rendre un vibrant hommage au jeune Mathieu Martinetti à Coggia, aujourd’hui même.

Notre ami Pierrot s’en est allé, il a rejoint  le monde des rallyes de l’au-delà. Il va retrouver son ami de toujours et coéquipier Jeannot Canonici, les « anciens » du Tour de Corse, qu’il a remporté à trois reprises. Charles Leonardi, Paul Usciati, René Vignocchi, Jean Luisi, ses amis, et toute cette famille du sport automobile insulaire dont les membres demeurent immortels, comme lui.

Pierre était notre légende, notre patrimoine, notre héros de l’asphalte, un ami bien sûr, lequel, non content de remporter trois Tours de Corse, démontrait sur les routes des championnats  de France et d’Europe que son coup de volant n’était pas dû au hasard. Comment oublier cet homme affable, agréable à vivre et les yeux pleins de malice pour « monter la sègue » à bien des pilotes d’usine qui le considéraient d’ailleurs comme une  authentique légende du volant. 

J’étais à ses côtés lorsque son coéquipier et ami d’enfance Simon Quilici était son copilote lorsque survint le drame lors de la ronde de Calvi. Journée noire, triste, difficile à vivre alors même que la veille nous étions réunis dans un de ces restaurants de qualité de Balagne pour fêter le retour de notre ami en rallye. Une auto mal préparée, des défauts dans la mécanique et l’accident, stupide, le coup du lapin et la mort. Pierre ne s’en est jamais remis. Il n’était responsable en rien mais il ne supportait plus de voir son ami s’en aller aussi stupidement dans une banale sortie de route. 

Chez Félicien, à Quenza

Je me rappelle une journée à Quenza, chez Félicien Balesi, le rendez-vous des pilotes et des amis du sport auto comme on l’aime. Des Alpines, des Renault 5 Turbo et autres Alfa Romeo et Porsche venues rendre hommage à l’ancien, au triple vainqueur du Tour de Corse avec les nouveaux « historiques » qui le voulaient à leurs côtés au Tour de Corse de José Andreani. Il avait promis de le faire et avait tenu parole. Tony Avolio, qui possède une belle carte de visite en historique me disait ce jour ensoleillé où nous avions rendu une visite de courtoisie à notre ami Christian Habani : « Tu te rends compte, notre sortie avec la présence d’une légende à nos côtés. Comment ne pas apprécier ce personnage d’un autre temps venir nous soutenir dans la démarche d’une reprise des rallyes historiques pour lesquels il répond toujours présent. Pierre Orsini dans la voiture de devant, c’est un  rêve… »

Adieu l’ami !

Pierre Orsini s’en est allé une veille d’été, le cœur attaché à sa famille mais aussi au sport automobile insulaire. Il ne se passait pas une semaine sans que l’on prenne de ses nouvelles. Je l’avais eu au téléphone il y a quelques mois et il me demandait comment se portait le sport auto corse, content de voir autant de voitures au départ de nos épreuves régionales : 

« Je n’en crois pas mes yeux, que de jeunes talents sur nos routes, que de belles autos, décidément notre discipline va de l’avant et j’en suis heureux ! Même au niveau « Historique », le travail de gars comme Yves Loubet et José Andreani est fabuleux. Quelle assurance, quelle maestria dans leurs organisations respectives. Pour un ancien je suis très fier de voir notre discipline aller de l’avant… »

Malgré la force, le courage, la détermination, Pierrot s’en est allé rejoindre les grands de notre discipline préférée. Il va les retrouver et qui sait, leur faire le coup du Tour de Corse comme il l’a si bien fait trois fois durant. Même Bernard Darniche, six fois vainqueur du Tour de Corse que j’ai rencontré il y a peu sur le Tour me disait : « vous avez une légende vivante chez vous, c’est formidable. Quel bonhomme, quelle simplicité mais quel pêcheur passionné… »

J’étais très proche de Pierre Orsini. Un voile de tristesse recouvre la Corse mécanique. D’Ajaccio à Bastia, de Bonifacio à Porto Vecchio et dans la Corse profonde. La nouvelle de sa mort s’est répandue comme une traînée  de poudre. Il est difficile d’y croire mais déjà, lors de la disparition de son coéquipier de toujours, Jeannot Canonici, il m’avait simplement dit : « Aujourd’hui c’est lui, demain un autre, et crois-moi, je me ferai un plaisir de le retrouver et lui offrir le siège de droite lorsque le moment sera venu.  Je n’imagine pas une autre vie de rallye sans lui. Le sport automobile est un éternel recommencement. 

Salut l’ami.  A Corsica mecanica è à fiancu à tè et à i toi. 

 

J.F.