Chapelle Impériale : Les Bonaparte, pour l’éternité

Rédigé le 16/08/2018
José Fanchi

Formant l'aile droite du Palais Fesch, située au centre de la rue Fesch, cette chapelle, classée monument historique, a été bénie le 9 septembre 1860. On doit son édification à Napoléon III qui honora les clauses testamentaires du cardinal Fesch dont le vœu était de rassembler dans un unique lieu saint les sépultures de la famille Bonaparte.

La chapelle fut érigée sous le second Empire entre 1857 et 1859 en pierre calcaire de Saint-Florent, sur les plans d'Alexis Paccard, architecte de la Couronne. Jérôme Maglioli, architecte communal et peintre-décorateur ajaccien, orna les voûtes de grisailles et de trompe-l'œil. L'intérieur, en forme de croix latine, est surmonté d'une coupole. La crypte abrite les tombeaux du cardinal Fesch, de Charles et de Laetitia Bonaparte, parents de Napoléon, et ceux d'autres membres de la famille impériale. 

La Chapelle Palatine
On l’appelait Chapelle Palatine. Mais le Cardinal Fesch, dont c’était la dernière volonté, désirait la nommer "Chapelle Impériale" et l’avait écrit dans son testament. « Avec le produit de ma Galerie, je souhaite que mes héritiers prélèvent 200 000 francs destinés à la construction dune église à Ajaccio où sera établie ma sépulture, celle de ma soeur Letizia et de tous les membres de la famille Bonaparte qui voudront y être ensevelis. » Ainsi était la dernière volonté du Cardinal.
Napoléon III exauça ce voeu . La Chapelle fut construite en 1857 avec la pierre de Saint Florent, fut rattachée à l’aile droite du palais Fesch et officiellement bénie le 9 septembre 1860. Elle fut visitée peu après par Napoléon III, accompagné de l’Impératrice Eugénie. Sur le fronton, on peut lire : « A Maria-Letizia, mère de l’Empereur Napoléon 1er et au Cardinal Fesch qui, de son vivant, institua pour lui-même, pour son excellente sœur  et pour les siens, cette sépulture, achevée par Napoléon III ».
 
Une superbe coupole
En peintre de la ville, Jérôme Maglioli décora l’intérieur de la chapelle. Elle fut ornée de peinture en grisaille figurant des motifs floraux et des trophées d’objets sacerdotaux. Les vitraux majestueux sont très intéressants d’un point de vue iconographique car marqués du F de Fesch avec des compositions alliant les attributs ecclésiastiques du Cardinal aux traditionnels symboles impériaux de l’Aigle et de la Croix de la Légion d’Honneur. Les immenses piliers centraux soutiennent des plaques de marbre noir dont trois sont gravées d’inscriptions latines à la mémoire de Madame Mère, du Cardinal et de Charles Lucien Bonaparte.
L’autel est surmonté d’un crucifix de style copte que Bonaparte avait offert à sa mère lors de son retour d’Egypte. L’autel avait été préparé pour les célébrations du 15 août et du 5 mai.

Tous les chemins mènent à la crypte…
Les couloirs latéraux mènent directement à la crypte, dans laquelle reposent les membres de la famille Impériale. On y retrouve, de part et d’autre de l’entrée, les tombeaux de la princesse Clémentine et de son époux le prince Victor, leur fils, le prince Napoléon. La crypte, de forme circulaire, se situe dans l’axe de la coupole et renferme six sarcophages sur lesquels sont indiqués les noms des défunts, à savoir, Marie-Letizia Ramolino, Charles Bonaparte, les  princesses Zénaïde et Eugénie et le Cardinal Fesch.
 
De gros travaux entrepris
D’importants travaux ont été entrepris depuis des années, mais au cours des deux dernières, de grosses améliorations ont été apportées à la Chapelle que l’on peut à présent visiter durant la période estivale. « Il a fallu moderniser les installations électriques et tous les dispositifs de sécurité suivi de la restauration des décors, à savoir le pavement en marbre et ardoise, les stucs et autres plaques gravées », explique le conservateur régional des monuments historiques, Joseph Cesari. Le montant des travaux, qui s’élevait à 700 000 euros, est assuré par l’Etat.

Une donation sous condition
Tout comme la maison natale de l’Empereur, la Chapelle Impériale avait fait l’objet en 1924 d’une donation particulière de la famille Bonaparte à l’Etat, cela entrainant des contraintes spécifiques et perpétuelles dont l’obligation de laisser libre l’accès au public au moins trois jours par semaine. Cela a nécessité au préalable une modification de la prise en charge de la ville d’Ajaccio et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). Le travail réalisé par la DRAC est considérable. Le monument a été revu de fond en comble et rénové dans les meilleures conditions, tant sur le plan technique qu’esthétique dans la mesure où tous les éléments de la chapelle ont été remarquablement restaurés. A l’intérieur tout d’abord, avec une restauration peinture de toute beauté au niveau des décors, mais aussi et surtout avec des travaux plus techniques comme l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Sans oublier les locaux techniques situés à l’étage, qui constituaient l’ancien appartement du gardien. Jusqu’aux problèmes d’humidité qui ont été réglés. C’est dire le sérieux qui a accompagné ces deux années de travaux.
 
Sur le fronton de la Chapelle Impériale, on peut lire cette phrase en latin :
MARIA LAETITIAE IMP. NEAPOLEONIS MATRI ET IOS. FESCH S.R.E. CARDINALI QUI VIVUS SIBI ET SORORI OPTIMAE ET SUIS HOC SEPULCRALE SACELLUM INSTITUIT. AUSPICIIS NEAOPOLEONIS III PERFECTUM EST A.D. MDCCCLIX -Aeternam in christo requiem
La traduction : À Marie-Laetitia, mère de l’empereur Napoléon Ier et au cardinal Fesch qui de son vivant, institua pour lui-même, pour son excellente sœur et pour les siens, ce tombeau, achevée par Napoléon III en 1859. repos étérnel dans le christ.

A voir dans « Aiacciu, lochi di mimoria » à paraître prochainement.

J. F.